Jouer, construire, vivre, apprendre ensemble
On ne doit pas confondre le manque de connaissance infantile avec l’ignorance,
car le premier permettra que les enfants imaginent tout ce que les grandes personnes ne sont pas parvenues à concevoir,
et qu’ils croient à tout ce que les adultes ont toujours prétendu impossible. (1)
Apprendre, ce n’est pas essayer de savoir, c’est agir sur sa vie et le monde
La capacité à apprendre est un mécanisme fabuleux qui ne consiste pas à savoir répéter des connaissances pré-existantes. C’est une compétence innée et fondamentale présente chez tous les êtres humains.
C’est un don de départ de la personne qui lui permet de trouver les moyens de répondre à ses besoins, créer, et finalement mener son propre chemin dans un état de satisfaction proportionnel à l’activité de dépassement des contraintes permise par cette capacité.
Autrement dit, grâce à cette capacité, l’être humain vivant ne subit pas sa vie (l’environnement, les autres, les connaissances etc) mais agit en son sein et cela le satisfait.
Cette capacité à apprendre, qu’on peut appeler l’intelligence, est d’une toute autre nature que ce qui s’évalue à travers les résultats scolaires ou autres tests ; elle est absolument vitale pour tout individu, pour son bien-être autant que pour son autonomie, et il est essentiel de la préserver et la favoriser.
Les expériences d’apprentissages
Pour cette raison, les expériences d’apprentissage sont cruciales.
Elles peuvent prendre deux chemins :
– apprendre, cela peut être vécu comme l’obligation pour survivre d’absorber des informations et connaissances qui nous sont extérieures. Cela sous-entend une dépendance vis-à-vis de celui qui sait et, selon notre capacité à intégrer ce que l’autre sait, le chemin peut vite devenir : sentiment d’échec, perte de confiance en soi, souffrance, évitement.
– heureusement, apprendre peut être vécu autrement. Les apprentissages dit “informels” tels que celui de la marche ou de la langue maternelle nous en donnent l’exemple. Celui qui apprend baigne dans un environnement fertile qui lui permet, au prix de mille efforts mais sans que cela ne soit insurmontable, d’acquérir des compétences nouvelles. Le chemin prend alors une autre forme : sentiment de réussite, renforcement de l’estime de soi, gain d’autonomie, épanouissement de sa propre créativité, plaisir, enthousiasme.
Prendre le chemin de l’enthousiasme
Cela est possible pour tout le monde à condition de vivre des expériences d’apprentissage constructives qui amènent à comprendre par soi-même, découvrir et exercer sa propre intelligence.
La Lisière est dédiée à cette capacité à apprendre, on y vient pour la préserver, l’entretenir ou la réveiller.
- Haruchika NOGUCHI, titre espagnol “Antes de reganar”, Zensei n° 36 à 45, 1984-1986. [↩]